Déçus des sites de rencontres, ils se tournent vers des agences matrimoniales de Bordeaux

Déçus des sites de rencontres, ils se tournent vers des agences matrimoniales de Bordeaux

Idéaux pour faire des rencontres rapidement, les sites et applications s'avèrent moins fiables pour les relations longues, pointent deux agences matrimoniales de Bordeaux.

Publiée le mardi 16 novembre 2021 à 09h17

À 45 ans Sandrine a écumé les applications de rencontres. Séparée de son conjoint, cette résidente de Mérignac dans la banlieue de Bordeaux (Gironde), a eu, depuis qu’elle a quitté son emploi pour raison médicale, comme un « petit coup de blues ». Je me suis sentie seule, et j’ai eu envie de partager mon quotidien avec quelqu’un ».

Elle se met alors en quête d’un compagnon. Séduisants de prime abord, les sites lui permettent de nouer des liens, rapidement et à moindres frais, avec des hommes qui, à priori, partagent ses aspirations. 

En quelques clics, elle amorce des conversations avec des compagnons potentiels, avec qui elle passe rapidement la frontière de l’écran. « Je ne suis pas de nature patiente, s’amuse-t-elle, quand je voyais que ça pouvait coller, je ne tchatchais pas plus d’une semaine avant de les rencontrer dans des cafés ». 

Mais à ce stade, systématiquement, c’est la déception.

Des profils trompeurs

Trois rencontres et le même constat, « ils ne correspondaient pas du tout à leurs présentations ! Parfois il y avait quelques années de plus que sur la photo, parfois c’est tout le profil qui était trompeur. »

Valérie, conseillère de l‘agence matrimoniale Unicentre, basée à Bordeaux, ne fait que confirmer le phénomène décrit par Sandrine, qu’elle suit depuis le mois de mai dernier : « on récupère beaucoup de jeunes, déçus des sites de rencontres qui pointent le manque de sincérité des internautes, notamment sur leur situation maritale ».

Pour s’assurer de la véracité des dires de ses clients, cette professionnelle de la rencontre a un protocole bien rodé. « J’organise le premier rendez-vous à domicile déjà, pour m’assurer que le niveau de vie correspond à ce qu’on m’annonce, et pour que les gens soient dans un univers familier où ils sont plus prompts à se livrer. Je réclame aussi une photocopie du livret de famille ou une preuve du statut marital, détaille-t-elle, je veux éviter les mauvaises surprises des applis ! ». 

Valérie et son mari ont fondé Unicentre 33 en 2006
Valérie et son mari ont fondé Unicentre 33 en 2006 (©Actu.fr)

La moitié de la clientèle, déçue des sites

Dans son agence, ouverte avec son mari en 2006, Valérie compte 50% de déçus des sites et applications. Une tendance de fond qu’elle observe depuis les années 2019/2020, et qui s’accompagne d’un rajeunissement de ses clients :

"Avant 2019 notre clientèle était composée à 80% de plus de 60 ans. Actuellement, ils représentent plus que 60% alors que les moins de 45 ans, totalement absents de nos fichiers auparavant, représentent aujourd'hui 15%. Notre plus jeune client, pour l'heure, par exemple, a 33 ans. C'est un record pour nous! "

ValérieFondatrice d'Unicentre à Bordeaux

La crise sanitaire a exacerbé les solitudes

Le confinement a également joué un rôle dans cet engouement pour les rencontres de visu.  Le « virtuel » et la solitude ayant été le lot des célibataires pendant cette crise sanitaire, ils se sont rués vers les agences dès le déconfinement prononcé constate Véronique, de l’agence de rencontres bordelaise Val2coeurs. 

Sous son enseigne, installée depuis quatre ans sur un immeuble cossu du cours Georges-Clemenceau, elle note un regain des demandes depuis quelques mois :

« Avant le confinement je signais environ dix contrats par mois. Depuis, sur les mêmes périodes, je dirais qu’on en signe une vingtaine :  les gens ont non seulement besoin de contacts, après des mois à tchater, mais ils souhaitent quelque chose de durable et de sincère. Tout l’inverse de ce qu’ils trouvaient sur les sites finalement ! ». 

« Ils veulent du sincère et du sérieux »

En effet ce qu’on monnaie dans ces agences bordelaises – qui proposent toutes deux des formules à 1500 euros  l’année – c’est le premier tri, et une sélection affutée des candidats. « On ne réussit pas à chaque fois à faire naître l’étincelle, mais lorsque nous les accompagnons, 70% de nos clients trouvent un partenaire dans l’année », affirme ainsi la fondatrice d’Unicentre à Bordeaux. 

Pour cibler au mieux les profils, les deux agences soumettent aux candidats aux rencontres un questionnaire, puis un entretien motivationnel, où ils détailleront non seulement leurs vécus mais aussi leurs attentes. 

« Parfois je dois en ramener certains à la réalité en matière des profils recherchés. J’ai eu des femmes et des hommes qui cherchaient des partenaires bien trop jeunes pour eux par exemple, ou des attentes un peu farfelues concernant les exigences physiques. C’est aussi notre rôle, le conseil », point encore Véronique.

En la matière, selon elle, c’est d’ailleurs les tranches d’âge les plus jeunes qui sont les moins difficiles. « Ce qu’ils veulent, c’est de l’engagement sur le long terme. Fonder une famille, avoir des enfants. Finalement, plus on vieillit, plus on est exigeant ! »

Cet article dans Actu Bordeaux